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Projet collectif de recherche « réseau de lithothèques en Auvergne-Rhône-Alpes »

Auteurs : Paul FERNANDES, Vincent DELVIGNE, Erwan VAISSIE, Jean-Paul RAYNAL

Au cours de la triennale de 2018 à 2020, nous avons consolidé un réseau d’acteur.ice.s historiques et de jeunes chercheur.se.s formé.e.s au sein du groupe de recherche sur les matières siliceuses (silicites). Cette volonté de rassembler toutes les compétences et d’initier le plus grand nombre aux nouvelles méthodes d’analyse témoignent du dynamisme d’une équipe soudée et interactive, à l’écoute des problématiques archéologiques, géologiques, minéralogiques et paléogéographiques émergeant du questionnement sur l’origine des matières premières.

Au sein du PCR, nous disposons désormais d’une dizaine de chercheur.se.s rompu.e.s aux méthodes de caractérisation intégrant le concept de chaine évolutive. Ils sont en capacité de présenter des données traçables et réutilisables. Plusieurs articles présentant des « résultats archéologiques » significatifs obtenus avec ces méthodes ont déjà été publiés et quatre thèses soutenues (Fernandes 2012, Delvigne 2016, Vaissié 2021, Beauvais 2022), une autre sera soutenue en mars (Gibaud 2023) et deux autres sont en préparation (M. de Parthenay et F. Perron). Tous sont des membres du programme et interviennent dans les actions mises en place. Les résultats de ces travaux (et d’autres complémentaires) sont publiés ou en préparation.

En 2022, seconde année de triennale, le programme a poursuivi les missions sélectionnées au sein des axes de réflexions mis en place en 2012 (voir infra). Les actions menées sont le résultat d’une synergie de plus en plus prégnante entre les membres actifs du PCR : échanges de compétences et partages de données comme de résultats s’imposent peu à peu et cette ouverture est amplifiée par la volonté de la nouvelle génération de pétroarchéologues formés au sein des PCR depuis une dizaine d’années.

L’année 2022 a vu une augmentation conséquente des contributions, régionales et extrarégionales. Les échanges avec les autres PCR, les laboratoires du CNRS (TEMPS, CEPAM, PACEA, TRACES, LAMPEA, Archéosciences Bordeaux) et le GDR SILEX sont fructueux et rapprochent de façon profitable les équipes qui auparavant travaillaient surtout à l’échelle régionale. Cette manière de fonctionner en échangeant des informations et en donnant de son temps pour le bon fonctionnement du projet nous permet de répondre dans de meilleures conditions aux questions posées par une partie de la communauté des préhistoriens. A ce sujet, on note une évolution dans le questionnement général : 1) le besoin de visualiser, grâce au développement du SIG, les emplacements des formations à silicites ; 2) le besoin de méthode pour classer efficacement les échantillons géologiques et 3) logiquement, le besoin d’une meilleure caractérisation des matériaux. Ceux-ci sont désormais à la disposition des chercheur.se.s et replacés dans l’espace et le temps au sein des lithothèques. Le PCR, ou plutôt devrions-nous dire les PCR, encouragent cette évolution.

Les résultats obtenus en 2022 montrent également des avancées qui méritent d’être notées dans plusieurs des actions menées par le PCR. Grace au bon fonctionnement des missions communes entre les membres des PCR et du GDR, nous pouvons porter à notre crédit :
– le développement du SIG : la mise en ligne des données cartographique sur les formations à silicites couvre désormais plus de la moitié de l’hexagone, ces données sont publiées sous licence Etalab 2.0, et surtout on note l’ouverture à toutes les personnes concernées de la plateforme de cartographie dans un nouveau site web à l’adresse suivante : www.cartosilex.fr ;
– le bilan cartographique des formations à silicites sous SIG en Auvergne-Rhône-Alpes est positif. Riche de plus de 10 000 polygones, il permet d’offrir des perspectives optimistes dans nos intentions d’évaluer l’accessibilité et les circulations de géomatériaux pour les populations passées. La constitution de fichiers géoréférencés et harmonisés, accessibles, interopérables et désormais consultables, constitue une base solide sur laquelle peuvent se construire des atlas départementaux à la fois précis et didactiques ;
– l’achèvement du récolement des lithothèques d’Orgnac et de Valence ;
– le bon accueil des participants aux formations, que ce soit au sujet de l’emploi du SIG ou des protocoles de caractérisation des silicites ;
– la finalisation du vade mecum ;
– les acquis sur plusieurs microfaciès d’échantillons géologiques particuliers tels les « meulières » de Chavarot (63) et les galets marin de l’île de Bréhat (22) ;
– les avancées de nos réflexions sur les relations entre l’eau et la silice ;
– les applications aux mobiliers archéologiques : Gipcy (Allier), le Blot, le Rond du Barry et Baume-Vallée (Haute-Loire), la baume d’Oulen (Labastide-de-Virac/Le Garn, Ardèche/Gard), l’abri du Colombier II, la grotte Ebbou à Vallon-Pont-D’arc et la grotte aux Points à Aiguèze (Ardèche) ;
– le développement des collaborations entre Pétroarchéologie et Tracéologie, pour une meilleure appréhension des modifications post-dépositionnelles, afin d’homogénéiser et harmoniser les descriptions entre observateurs et entre corpus lithiques considérés ;
– la multiplicité de la diffusion scientifique ;
– le point fort que fut l’organisation, en collaboration avec les autres PCR « Réseau de lithothèques » et le GDR « SILEX », d’une Table ronde à Lyon intitulée « Bilan de 15 ans d’approche dynamique des silicites » les 15 et 16 novembre. Cette réunion s’est tenue dans le cadre des séances de la SPF (Société préhistorique française) au sein des locaux du Musée Lugdunum. Elle a réuni plus de 50 participants sur des thématiques variées et les échanges ont été fructueux.

Cependant, tout ne s’est pas déroulé comme prévu et deux de nos actions n’ont pas débouché sur les résultats escomptés :
– aucun des atlas alliant cartographie et caractérisation, cœur de notre activité, depuis 2021 n’est encore finalisé ; seule une maquette est présentée dans le rapport d’activité du PCR Nouvelle Aquitaine 2022. L’ampleur de la tâche a été sous-estimée. Les engagements pris au commencement de cette triennale ne sont pas tenus. Il est de notre devoir de mieux nous organiser afin de partager ce travail chronophage en utilisant les méthodes développer au sein des PCR et du GDR « SILEX ». Pour cela, une stratégie d’évaluation des résultats et de contrôle de l’harmonisation et de l’interopérabilité des fichiers a été mise en place en 2022 ;
– le projet de création d’une Cité du silex au Musée de Vassieux (26) a été ajourné pour des raisons budgétaires.

En 2023, La réalisation d’un Atlas des silicites de l’Ardèche, alliant cartographie et caractérisation des propriétés visibles aux échelles macro et microscopiques, sera au cœur de notre activité. Nous allons nous concentrer à son élaboration de façon plus pragmatique. C’est une tâche laborieuse, démarrée en 2022, qui impose de vérifier et amender toutes les fiches et figures existantes. En corolaire, le rapport de fin de triennale sera l’occasion de publier la liste actualisée des gîtes de matériaux des principales lithothèques d’Auvergne Rhône-Alpes (Orgnac, Laussonne, Valence, Paléotime).

L’atlas sera avant tout destiné aux étudiant.e.s et aux chercheur.se.s en sciences humaines et/ou naturelles. Il aura pour objectif de favoriser la reproductibilité et l’interopérabilité des caractérisations des silicites tant géologiques qu’archéologiques. Avec ce type de document, nous estimons que la pétroarchéologie disposera d’un outil permettant d’exprimer des notions à la hauteur des divers questionnements de « territoires » émanant de la communauté des chercheur.se.s. Cet achèvement se profile et devrait s’échelonner sur les prochaines années, dans le cadre de ce programme de recherche et probablement d’une APP spécifique.

Exemple, pour le département de la Drôme, de différences entre la cartographie vectorisée du BRGM comprenant l’ensemble des formations géologiques (à gauche), et la cartographie des formations à silicites (à droite) (PAO : E. Vaissié).
En haut – Carte des formations à silicites de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
En bas – Carte des points de prospections positifs géoréférencés disponibles pour la région Auvergne-Rhône-Alpes – En bleu : échantillons disponibles dans la lithothèques PACEA (référents J.-Ph. Faivre, S. Ducasse et M. Langlais ; UMR 5199, Université de Bordeaux) ; en vert : les échantillons issus des prospections antérieures à 2018 et disponibles dans les lithothèques Pierre-Bintz (référent P. Fernandes ; Paléotime, Villard-de-Lans) et de l’Archéo-Logis (référent J.P. Raynal ; Laussonne) ; en rouge les échantillons issus des prospections réalisées en 2019 et 2020, disponibles dans les lithothèques PACEA (op. cit.), Dolomieu (op. cit.), de l’Archéo-Logis (op. cit.) et du Service Archéologiques du Département de l’Allier (référent A. Gibaud). (CAO et PAO : E Vaissié)